- Le rendu velouté
- Le bokeh crémeux (merci au 8 lames circulaires du diaphragme)
- L’ouverture impressionnante à f1.2
- La tropicalisation
- Autofocus
rapideet silencieux - 50mm, la focale parfaite du reportage (pour certains…)
Test: Canon EF 50mm f1.2 L USM
le viLain petit canard….
Introduction
Successeur du mythique Canon EF 50mm f1.0 L USM dont la construction a été arrêtée en 2000, ce nouveau prime avait la lourde tâche de venir séduire les photographes de mariage et autre professionnels de studio pour un coût légèrement diminué. De par sa nouvelle construction (8 éléments vs 11 éléments), prévue pour être plus proche de l’exigence des capteurs numériques , le diaphragme perd donc en luminosité mais gardera ses 8 lamelles circulaires pour assurer un bokeh velouté ainsi que l’intégration d’un élément asphérique (comme le 85mm f1.2 L USM) pour moins d’AC et gagner en piqué. Malgré les efforts entrepris par Canon, ce nouveau modèle ne ravira pas tout le monde, se mettant à dos les nostalgiques du légendaire 50L f1.0, et les accrocs du piqué à PO du 85L f1.2.
Caractéristiques
- Date de sortie: Novembre 2006
- Équivalent 50mm sur APS-C: 80mm
- Lentilles: 8 éléments (dont 1 asphérique) en 6 groupes
- Diaphragme: 8 lamelles circulaires
- Ouverture minimale: F16
- Mise au point : USM (Ultra Sonic Motorisation de type annulaire) avec retouche du point permanente
- Rotation lentille frontale : non
- Distance minimale de mise au point: 450mm
- Rapport de grossissement maximum: 0,14
- Stabilisation : non
- Tropicalisation : oui
- Diamètre du filtre: 72mm
- Dimensions (diamètre – longueur): 65,5mm x 86mm
- Poids: 590g
- Prix neuf: +-1600 euros
- Prix d’occasion: +-1000 euros
L’objectif
Habitué au EF 50mm f1.4, ce L est construit comme un tank à l’instar du EF 85mm f1.2 L USM. Sa protection tout temps, son fût en métal et son poids conséquent nous renforce dans impression de qualité de construction. Contrairement à son petit cousin, l’impressionnant filtrage de 72mm garni de son liséré rouge nous rappelle que l’on a bien à faire à une objectif professionnel de la gamme L!
Ses utilisateurs aiment
Ses utilisateurs n’aiment pas
- L’encombrement: poids doublé par rapport au f1.4
- filtrage 72mm, donc filtres plus chers
- Ridiculement disproportionné sur petit boîtier
- Le prix vertigineux
- Problème de shift-focus
- Le vignettage marqué jusque f2.8
- Les aberrations chromatiques à PO
- Autofocus plus lent que le f1.4
- Ce n’est pas un 35mm, la focale parfaite du reportage (pour d’autres…)
A f5.6, la différence avec son petit frère EF50 f1.4 se fait discret
Mais pourquoi diantre mettre autant d’argent dans un L si ce n’est pas pour son piqué?… La réponse est très simple et se retrouve autour du centre: le bokeh!
Bokeh
Assuré par la même construction que le 85L, les 8 lamelles circulaires permettent un rendu de lumière est bien rond et crémeux. Le flou d’arrière plan est très agréable aux grandes ouvertures, en comparaison avec les octogones “disgracieux” du 50mm f1.4. Appliqué à du portrait ou de la proxy, les photos semblent alors vraiment magiques…
Quel plaisir de pouvoir déclencher à f1.2. Le rendu de lumière en arrière plan est également un régal!
Associé au très bon piqué que l’on trouve dès f1.8/f2, cette formule optique assure un superbe détachement du sujet à courte et moyenne distance.
Mais qui dit grande ouverture, dit également profondeur de champ réduite…
PDC
Large de trois cheveux, jouer avec la zone de netteté à PO relève d’un véritable défi! A moins d’avoir des sujets posés, on utilisera la pleine ouverture qu’avec parcimonie au risque de se retrouver avec beaucoup de déchets car sujet hors focus.
Vignettage
Qui dit grande ouverture, dit obligatoirement vignettage, et même s’il arbore fièrement un L rouge, il n’est pas excepte de ce phénomène. De PO jusqu’à f2.8, le bord sont sensiblement assombri, donnant un certain cachet à la vue… même si certain déteste cela :p
Heureusement, pour satisfaire tout le monde, ce problème se corrige très facilement en post-traitement dans Lightroom ou Aperture.
Autofocus
Edit 14/11/2012
Animé par une motorisation USM de type annulaire, ce 50L se devait être techniquement plus réactif que le 50mm f1.8 (motorisation classique) et le 50mm f1.4 (USM de type micro-moteur).
Les tests ne seront pas de cet avis… Une tentative de mise en situation démontre clairement la supériorité du 50mm f1.4 en terme de vitesse de mise au point.
Avec le boitier EOS 5D mark II monté sur trépied, en mode collimateur central (lumière naturelle, ISO 100), nous plaçons l’ensemble à 1m de distance d’un objet précis, à savoir: une clémentine posée sur un drap uni, suffisamment contrasté.
Premier test: on tourne la bague de mise au point au minimum, puis appuie sur le déclencheur à mi-parcours pour faire le point sur l’objet. Le résultat au 50mm f1.4 est quasi instantané! Le 50L réagit plus lentement.
Deuxième test: on tourne la bague de mise au point sur l’infini, puis appuie sur le déclencheur à mi-parcours pour faire le point sur l’objet. Le résultat est identique que précédemment… Le 50mm f1.4 fait la mise au point de manière quasi instantanée, contrairement au 50L qui semble “trainer des pieds”.
Dans ce duel d’USM micro-moteur contre moteur annulaire, le premier l’emporte en terme de vitesse (alors que l’on s’attendait à des résultats inverses). Quant à la raison du pourquoi… Sans données techniques supplémentaires il sera difficile de l’expliquer, mais on peut raisonnablement se tourner vers des causes liées à une masse de verre plus difficile à mouvoir (comme pour
le 85L?) et/ou une course de mise au point plus longue sur le 50L.
Focus shift (ou shift-focus)
Edit 13/12/2012
Le focus shift est un problème d’optique qui s’applique à beaucoup d’objectifs très lumineux (en dessous de f1.4). De part sa construction et dans certaines circonstances, les rayons lumineux sont déviés et n’aboutissent pas sur le même point de convergence (aberration sphérique), créant ainsi une impression de flou. Je me permet d’emprunter le schéma très explicite du site PhotographyLife.
Ce problème devient quasi inexistant en ajoutant un élément optique flottant (floating element)à la conception l’objectif (EF 85mm L USM). Ce n’est malheureusement pas le cas du 50L.
Ainsi, à diaphragme fermé et lors de mise au point à très courte distance, même si le boitier fait correctement sa màp, on aura d’office un léger back-focus.
Le blog de Diglloyd offre une approche intéressante pour vivre avec ce problème:
- Fermer le diaphragme (> f5.6) pour agrandir la profondeur de champ. Plutôt ironique pour un objectif ultra lumineux
- Màp décentrée: pour éviter le back focus, faire la mise au point un peu à l’avant de la zone que l’on souhaite avoir nette
- Shooter à PO! WYSIWYG 😀
- Tester la Pdc avant de shooter. Sur la plupart des boitiers (si pas tous), utiliser le petit bouton que tout le monde oublie, en bas à droite de l’objectif. Celui permet de fermer électroniquement le diaphragme pour visualiser la vue dans le viseur.
- Live view… (oui mais non…)
- Micro Ajustement: options disponibles sur le haut de gamme (1D, 5D2, 7D…), ces micro ajustements force le boitier à compenser la mise au point de l’objectif. Cependant… ceci ne sera utile que pour une certaine distance du sujet.
Comparaison
Conclusion
Dans la bataille du 50mm, certains se démarquent par une spécificité propre… On a le 50mm budget, représenté par l’ EF 50mm f1.8II (100 euros), on a le classieux haut de gamme qu’est le Zeiss Planar (700 euros), l’EF 50mm f1.4 remporte le meilleur rapport qualité/prix selon les divers tests (350 euros) et le Sigma 50mm f1.4 (500 euros) est devenu la référence pour le reportage de mariage… Que restait-il alors à Canon pour placer son L? Sans être un trop mauvais élève, le 50L n’arrive pas à s’imposer ni en piqué, ni en terme de prix… Mais si ce vilain petit canard reste toujours au catalogue, c’est parce qu’ il est plaisant, tout simplement. Car c’est ce qu’elle est: une optique simple, avec un rendu magnifique et une construction professionnelle (métal, tropicalisation). Son prix élitiste ne le rend pas aisément accessible, mais à dire vrai, son utilisation est quelque peu élitiste elle aussi. Avec une si faible PDC, son fameux focus shift et un encombrement supérieur, le maitriser n’est pas une mince affaire. Certains préfèreront se tourner vers l’excellent 35L pour le reportage, d’autres vers son équivalent Sigma 50mm f1.4, moins cher et offrant un excellent bokeh (malgré les problèmes de BF/FF).
Ce 50L est clairement un objectif “plaisir” pour passionnés qui recherche une focale standard ultra lumineuse avec un bokeh crémeux rappelant le 85L/135L et un bon auto-focus.